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    La pluie s’est enfin arrêtée, le ciel est clair mais indéniablement teinté de gris. La ville deux fois plus grande que Bordeaux me montre enfin son vrai jour. La résidence est située à ses abords, relativement excentrée du Downtown et de la fac. Je m’attarde tout d’abord sur le pont Ozeki avant de longer les bords de la rivière Shirakawa. Les grillons couvrent bientôt le bruit des voitures et une des dernières cigales chante encore dans le matin qui s’achève. Dans le dédale des rues qui jalonnent mon parcours, des cris m’aguichent. Des japonais jouent au baseball sur un gazon décapé, entre amis, le batteur n’est pas très doué d’ailleurs et adopte des postures de samouraï. Plus loin, ca joue sérieux, les balles fusent, sont tapées et rattrapées d’une manière précise et machinale. Le charme du japon se présente à moi lorsque, au bord de la route 337 qui mène à Kurokami, emmitouflé dans son cocon de bambous larges comme des troncs d’arbres, un temple shinto se révèle, si inattendu. Un signe de tête à la gardienne et je peux admirer l’endroit et profiter de sa quiétude. L’air semble ici s’être débarrassé de sa pollution urbaine et je peux enfin respirer.
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  • Le voyage en avion de paris à Tokyo s’est très bien déroulé… je n’ai pas réussi à fermer l’œil des 12 heures de vol. Mon regard éteint gardait son attention fixée sur le petit écran incrusté dans le siège du passager précédent. On pouvait y regarder toute une sélection de films ou d’émission télévisée mais mon choix se portait d’avantage sur l’image que la caméra plantée sous l’avion me renvoyait de l’extérieur. Au décollage comme à l’atterrissage, on pouvait voir comment le pilote nous avait évités de rejoindre les petits potelés en réussissant ses manœuvres. Entre deux, on pouvait observer les étoiles, mouchetées de nacre sur un drap d’encre. Le jour, on apercevait la forme des nuages et si on avait de la chance, dans une trouée on pouvait deviner les montages ou les océans

    Arrivée à l’aéroport de Narita, je n’ai pas ressentit de choc particulièrement saisissant. Où était donc le défilé de personnages de manga, de geishas, de sushis ? On nous aurait menti ? A la place un tripoté d’homme en bleu masqués et gantés de blanc tripotaient inlassablement les bagages avant de poser leurs questions. « Do you bling a bomb, maliluana ol weapons ? Euh… No… »

    J’embarque donc pour Haneda à bord d’un des Bus Limousine de l’entre-deux-gare. Une petite voix doucereuse anime d’un japonais enjoué le parcours tout en ponctuant son discours de quelques phrases d’un anglais parfait. Je suis bien au Japon, plus de doute. La voie rapide file à toute allure a travers les maisons de bord de route. Des cimetières apparaissent ça et là, surplombant le bitume compressé sur lequel roule le bus. Soudain, un pont enjambe quelques rizières avant de rejoindre la forêt de building. Un enchevêtrement de bretelles débouche sur un champ de gratte-ciels à la mine grave et insondable. J’aperçois ensuite le parc Disney de Tokyo avec sa grande roue avant de traverser un bras de fleuve et de déboucher sur un immense port à l’aspect gris et lunaire. Le jour se fait bientôt nuit, je viens de vivre deux journées dans une et arrive au Terminal 2 de l’aéroport de Haneda. Lorsque j’embarque j’admire dans mon dos la grande piste d’envole parsemée de lupiotes multicolores avec en toile fond la grande Tokyo éclairée comme un champ de luciole. Lorsque que je décolle, je suis coté hublot et me rend compte de l’étalement de la capitale… c’est tout bonnement époustouflant. Le reste du vol se déroule entre sommeil et conscience. Alors que l’avion entame sa descente les lourds nuages chargés de nuit me révèle enfin Kumamoto. A la bourgade rurale de taille moyenne à laquelle je m’imaginais succède une large péninsule dorée de lumière. J’aperçois d’ailleurs le château de Kumamoto (Kumamoto-Jyou) que j’irai bientôt visiter. Après débarquement, un autre bus jusqu’à mon hôtel. Alors que j’entre dans le centre-ville, des enseignes lumineuses, des néons, tout est coloré et les buildings sont hauts. Comme le disait Romain Duris dans l’Auberge Espagnole, quand on arrive dans une nouvelle ville, tout est vierge, il n’y a que de longue rue sans perspective et des immeubles vides de sens. Au terminal des bus, à ma plus grande surprise, quelqu’un m’attend. Une dame du service des relations internationales à qui j’avais envoyé des mails. Elle me guide jusqu’à l’hôtel où elle viendra me chercher le lendemain. J’ai donc passé ma première nuit en terra incognita, content d’être arrivé à bon port.

     


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    En plein cœur du centre ville de Kumamoto se tient un immense ilot oublié du temps, vert et authentique. L’immense château vieux de 400 ans est lové dans ses douves comme un dragon dans son nid. L’entrée de 500 Yens vite encaissée, j’entre en ses murs. C’est l’un des trois plus beaux châteaux du Japon. La comparaison est difficile avec les châteaux français car tout ici semble si fragile et si solide à la fois, un outrage au temps dont la finesse n’en cache que trop bien la dureté. Dans la cour centrale, des familles nippones se font prendre en photo avec des ninjas, le folklore y est. Plus loin des samouraïs aux costumes approximatifs et aux lames émoussées posent aussi avec des badauds. L’intérieur du château est un vaste musée reprenant la vie des plus importants habitants de l’époque. Des milliers de noms peints sur des plaquettes en bois couvrent les murs. En son sommet, la vue se déroule sur toute la ville, le choc temporel est saisissant. Alors que la ville s’est développée à outrance, ici tout semble immuable. De vieilles photographies en noir et blanc offrent le panoramique d’entant. Aux anciennes baraques de bois et aux chemins de terre succèdent les routes bétonnées et les immeubles coiffés d’enseignes publicitaires. La machine en marche semble avoir tout absorbé aux alentours. Cette visite se finit donc sur un arrière gout amer, espérons que le temps n’emporte pas ce qui reste de sucre de cette Terre.



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  • Le temps a fait un bond, je me retrouve à la veille de mon départ à me demander si ma valise ne va pas être trop lourde, si je vais pouvoir prendre tous ce dont j'ai besoin. Bien que le temps me soit compté, je m'emmure dans l'inefficacité la plus totale. Des monceaux de linges me regardent comme des montagnes silencieuses, attendant que j'aborde leurs flancs. Le pic à la main et la corde sur l'épaule, je demeure pourtant de glace. Parallèlement, mon esprit bouillonne, mon imagination fulmine... on devine qu'un raz de marée approche mais on ne sait pas trop quel sera la hauteur de la vague.

    Loin de toutes ces métaphores, j'inspire un grand coup. J'ai dit au revoir à ma famille et à mes amis, ce soir, je partirai pour Paris. Il est compliqué de décrire ce que l'on ressent. Je suis joyeux, stressé, triste, calme, impatient, nostalgique... Un cocktail d'émotions que l'on comprend seulement lorsque l’on vit une telle situation. Certains dans mon cas seraient comme des fidèles trépignant sur le parvis de la plus grande cathédrale du monde qu’il n’ont pas encore visité… mais qu’ils aperçoivent déjà depuis quelques kilomètres. Je ne pense pas être de cela car si demain je visite cette cathédrale, ce ne sera pas par foi mais pour contempler les vitraux, les voutes et humer le parfum de la pierre et de la bougie… et pourquoi pas taper la causette au curé.

    J’espère ici vous donner l’envie de pousser la porte.


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    Départ prévu le 30 septembre 2009 à 20h00, heure française. De Charles de Gaulle, j'attendrai après 11h40 de vol Tokyo Narita (NRT). Je survolerai ainsi une bonne moitié de notre planète, avant-gout de futurs voyages niché à haute altitude. A partir de là, j'ai environ 3 heures pour récupérer mes bagages et rejoindre Tokyo Haneda, un autre aéroport, afin de prendre le vol pour Kumamoto qui arrivera à 20h05 heure locale. Ce balaie bien chronométré semblerait bien fini s'il ne s'agissait pas de rejoindre la Maison Internationale (I-House) par mes propres moyens. En effet, le petit comité d'accueil prévu par les japonais n’œuvre qu'entre certaines heures.

    Pour l'instant, nous ne sommes que le Dimanche 13 septembre, j'ai encore le temps. Seulement, bientôt la machine embrayera une autre vitesse. Il va falloir régler les derniers problèmes, accomplir les dernières tâches, dire au revoir à tout le monde, ranger sa chambre, remplir sa valise et faire la queue... avant de partir. L'émotion est palpable, la sueur suinte, les pas trépignent mais je demeure zen... Je ne m'impatiente pas, je profite le plus possible des gens que j'aime. Ce fantôme qui planait sur moi dans l'article précédent semble s'être évaporé... Je flotte... Aujourd'hui j'ai vu une émission où des gens flottaient sur la Mer morte... j'irai bien y faire un tour un jour, si elle existe encore, pour flotter et voir le ciel bleu d'Israël...

    Avant d'envoyer un baiser à mon Périgord, j'embrasse la terre, je m'agenouille dans la poussière et me roule dans l'herbe. J'oubliais de dire, entre ces galipettes bucoliques, que je partais demain à Paris chercher mon sésame.

    Je ferai bientôt un petit topo de toute la paperasse à affronter lorsque l'on veut partir dans le cadre d'un programme d'échange. Même si cela s'avère rébarbatif, on s'en accommode et on se dit que ce qui nous attend vaut bien cela.

     


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